Fabienne Vial
Psychologue Clinicienne conventionnée à Allauch
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Fabienne Vial, Psychologue clinicienne à Allauch

Notion d 'empathie : les écueils ?


 

A propos de l 'empathie: les écueils

 

 

 

La façon dont est abordée la notion d ‘empathie et de définir ses limites nous permet d ‘envisager plus sereinement cette écoute et attention bienveillante à l ‘autre dans les situations de communication.

T.Tournebise et S. Tisseron nous éclairent...

Etymologie et définition :

"Empathie" est la traduction du sens du mot grec "empatheia" ("εμπαθεια") du mot grec "empathès" ("εμπαθης"), signifiant "affecté, "qui se passionne", "exposé aux passions", "maladif", lui-même issu du préfixe "en" ("εν") et de "pathos" ("παθος") au sens de "ce que l'on éprouve" et "état de l'âme agitée par des circonstances extérieures", "disposition morale"

- C ‘est donc la faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent.

Rappel: Développement de l ‘empathie affective puis cognitive puis associées ensemble: (cf S. Tisseron)

« L ’empathie pour autrui se construit en trois étapes:

1/ L’empathie affective apparaît en premier vers l’âge d’1 an. C’est la capacité d’identifier les émotions d’autrui, notamment à travers ses mimiques. Par exemple : « Je vois que tu souris, donc tu es content. »

2/ Vient ensuite vers l’âge de 4 ans et demi la compréhension que l’autre a une vie mentale différente de la sienne. « Je vois que tu es content et je comprends pourquoi. » C’est la capacité à se mettre intellectuellement à la place de l’autre ou l’empathie cognitive.

3/ Ce processus aboutit enfin entre 8 et 12 ans à ce que Martin Hoffman appelle l’empathie mature, la capacité à se mettre émotionnellement à la place de l’autre. « À ta place, je serais content aussi. » Dans cette forme d’empathie complète, les composantes affectives et cognitives s’associent. Les images cérébrales révèlent alors de nombreuses connexions entre les régions postérieures, siège des émotions, et les aires frontales où opère l’empathie cognitive. »

Pour Carl Rogers: L’empathie consiste à saisir avec autant d'exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d'une autre personne et à les comprendre comme si l'on était cette autre personne .

Déjà à ce niveau de lecture nous rencontrons, une ambiguïté:

« La formulation « comme si l’on était cette autre personne » est ambigue

L’empathie est recommandée et utilisée par de nombreux spécialistes de l’aide et de la communication. Pourtant, ces mêmes professionnels de la communication invitent souvent à trouver la bonne distance, à ne pas trop s’impliquer, à ne pas "mettre d’affectif "comme ils disent.

Voilà un ensemble d’informations ambiguës et contradictoires, en effet se mettre à la place de l’autre génère de l’affectivité.

Tout comme garder ses distances conduit forcément à ne pas comprendre l’autre.

Cela produit des discours confus où l ‘on finit par ne plus savoir ce qu’il faut faire du coté des professionnels et où l’on entend qu’il faut comprendre, écouter, humaniser mais en même temps qu’il faut ne pas trop s’investir et garder ses distances (car il faut aussi prendre soin de soi, éviter le stress, l’attachement)

Il s’agit en fait de concepts mal définis. .

Pour vraiment comprendre l’autre:

Il faut sortir de l’illusion du miroir: Écouter l’autre pour se mettre à sa place (tout en restant soi-même) est un leurre.

Se mettre à la place de l’autre, ne peut permettre de le comprendre, et puis c ‘est une opération impossible.

Cela fait penser à Narcisse qui, voyant son image se refléter dans la fontaine, croit voir une autre personne et en tombe amoureux. Puis, dans sa stupéfaction il en oublie même de boire et meurt de soif devant sa fontaine. Il fut alors transformé en la fleur "Narcisse" dont l'étymologie nous ramène au grec narké qui a donné narcose. La fleur était reconnue comme pouvant endormir même les divinités

Celui qui s'adonne à l'empathie ne fait que du narcissisme relationnel. Croyant accéder à une compréhension de l'autre, il ne voit que lui-même... et encore! il ne voit qu'une image erronée de lui-même.

En effet, si il est amené un jour à vivre une situation semblable à celle de son interlocuteur d’aujourd’hui, il vivra surement une expérience très différente de ce qu’il avait imaginé.

Plutôt s'ouvrir sans se mettre à la place

Se mettre à la place de l’autre est risqué. L'autre s'y sent incompris (ça peut même le rendre agressif... ou déprimé!). Quand à nous, nous croyons l'avoir compris et nous ne saisissons que de l'illusion... ce qui en découlera sera donc inadapté. En plus nous nous chargeons d'un poids qui ne nous appartient pas en tentant de "ressentir" ce que vit l'autre.

Nous pouvons faire beaucoup mieux en nous ouvrant simplement à l ‘autre. Plutôt que de nous mettre à sa place, nous pouvons mettre du soin à l'entendre exprimer ce qu'il ressent, pense, ou vit de la place où il est.

En laissant notre imaginaire et nos hypothèses de côté, nous pourrons mieux le comprendre.

Notre imaginaire nous est cependant très utile pour être créatif. Notre capacité à émettre des hypothèses nous est aussi très utile dans la résolution de problèmes... mais nous ne devons pas confondre hypothèses et certitudes...

Mais avant tout ,apprenons à lire tout l’énoncé. Une vraie qualité d'écoute s'opère de façon active. Il serait maladroit d'être passif et de simplement laisser parler. Il est plus efficace d'aider notre interlocuteur à exprimer ce qu'il a à dire grâce à des questions pertinentes, sans conditions de réponse, et non indiscrètes.

Être distinct sans être distant

Pour beaucoup se préoccuper de garder la bonne distance les parasite (...dans les entretiens individuels, dans l’aide et l’accompagnement, dans les soins, dans la prise en charge des personnes .)

Ceux qui se préoccupent d'humaniser les rapports humains recherchent cette distance optimum un peu comme l'alchimiste recherche la pierre philosophale... ils semblent ne jamais la trouver et ils oscillent seulement entre le trop proche et le trop loin (c'est à dire entre le copinage et l'indifférence).

Ils ne la trouvent pas car le problème de la distance est trop simple pour les esprits compliqués: La bonne distance c'est PAS DE DISTANCE DU TOUT. Le zéro de la distance produit l'infini de la qualité.

Mais "distance zéro" ne signifie surtout pas "se mettre à la place".

Car se mettre à la place, c'est aboutir à une sorte de fusion... qui amène la confusion.

Si la bonne distance c'est pas de distance du tout, il est par contre fondamental d'être distinct.

Nous mettrons donc un soin tout particulier à ne pas confondre distinct et distant autant qu'à ne pas confondre proche et fusionnel

Être distant, c'est se mettre en rupture (se couper) de son interlocuteur.

Il en résulte bien sûr qu'on ne le voit plus. Se mettre à la place, c'est se mettre en fusion (ne faire q'un) avec lui. Il en résulte alors qu'il disparaît et qu'on ne le voit pas non plus.

Pour voir l'autre, ce qui est important, c'est de s'individualiser.

Être pleinement SOI face à quelqu'un à qui on accorde d'être pleinement LUI

Dans tous les cas, le risque majeur dans l ‘empathie est le désir d ‘emprise.

A lire: article de Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste

Affectivité et chaleur humaine:

La chaleur humaine sans l’affectivité Il n'y a jamais assez de chaleur humaine et toujours trop d'affectivité. Nous avons bien remarqué que l'excès d'affectivité est nuisible à la qualité de la communication, de l'aide et surtout de la psychothérapie.

Mais le problème est que l'affectivité et la chaleur humaine sont mal différenciées dans l'esprit de beaucoup de monde (y compris dans l'esprit de nombreux thérapeutes et professionnels de la communication). Alors pour se libérer de l'affectivité, malencontreusement, certains suppriment aussi la chaleur humaine... et le résultat est toujours insatisfaisant.

Où alors, voyant que cela pose problème, ils reviennent à la chaleur humaine... mais réintroduisent l'affectivité. La chaleur humaine c'est quand on est ouvert à l'autre sans avoir besoin de lui.

L'affectivité c'est quand on a besoin de l'autre ou qu'on a peur de l'autre. Besoin de lui pour combler un de nos manques, pour nous rassurer. Peur de lui quand il risque d'aggraver un de nos manques et de nous déstabiliser. Bien différencier la chaleur humaine de l'affectivité, permet d'être chaleureux sans ambiguïté, et d'avoir une communication plus efficace et plus sereine.

Si on est thérapeute, cela permet d'être plus efficace et plus rapide car un patient a besoin de la chaleur humaine de son thérapeute pour oser lui livrer ce qu'il a de plus précieux, intime, douloureux en lui. Mais il a besoin évidemment aussi que son thérapeute ne soit pas dans l'affectivité, sinon ça brouille sa recherche et peut même avoir des effets très néfastes.

L’empathie est source d’affectivité

La chaleur humaine réchauffe alors que l'affectivité étouffe.

Nous comprenons alors bien pourquoi l'affectivité est indésirable. L'affectivité est d'autant plus indésirable qu'elle nous expose à l'envahissement. En nous mettant à la place de l'autre, nous nous exposons à ressentir une expérience qui ne nous correspond pas et pour laquelle nous ne sommes pas prêts.

Au contraire, en étant proche et distinct, nous sommes à même de comprendre l'expérience de notre interlocuteur, de nous enrichir de ce qu'il en a fait sans pour autant en subir la pression émotionnelle.

Nous pouvons aussi mieux l'aider ou l'accompagner quand il vit une expérience douloureuse.

Nous devenons ainsi capables d'entendre cette expérience sans la dramatiser ni la banaliser.

Nous devenons capables d'en saisir la juste mesure: celle de l'autre (qui n'a forcément que peu à voir avec la nôtre). Nous pouvons ainsi humaniser profondément notre communication qui s'ajuste à la réalité de l'autre. L'inconvénient majeur de l'empathie est qu'elle produit au contraire une sorte d'état fusionnel, générant illusion, confusion et affectivité.

Il n'en résulte aucune chaleur humaine, mais par contre beaucoup de stress et d'incompréhension.

Conclusion :

Le poids des mots

Au fond peut-être ne devons-nous pas attacher trop d'importance au fait qu'une chose, une idée, une attitude soit désignée par un mot plutôt qu'un autre. Au fond, ce qui importe c'est ce que nous en faisons! Les mots ne sont peut-être qu'une convention? Pourtant, quand je rencontre autant de professionnels de l'aide et de la communication avoir personnellement (et même promouvoir dans leur entourage) des propos et des attitudes qui produisent l'inverse des effets attendus... je pense que la précision du langage est ici particulièrement nécessaire.

Et puis les mots ne sont pas seulement une convention. Quand on les étudie, on peut remarquer que souvent ils contiennent dans leur étymologie, dans leur construction, un aspect profond de ce qu'ils désignent.

Se remettre aux commandes J'ai bien conscience qu'avec cet article j'invite quelques personnes à se remettre en cause par rapport à l'empathie. Mais se remettre en cause c'est se remettre au commandes de sa vie. C'est ne pas croire ce qui est dit parce qu'on nous le dit (même si on prétend nous donner des "preuves").

C'est plutôt confronter ce qu'on sait à l'expérience et en mesurer l'efficacité sans complaisance. Les remises en cause sont sources de progrès. Elles ne sont pas destruction du passé, mais ajustements, ajouts, discernement accru, enrichissement. Ce qui importe, ce n'est pas d'avoir raison. Ce qui importe, c’est que l'aide, le communication, la psychothérapie, l'accompagnement soient efficaces au delà des croyances de chacun. «  cf Thierry Tournebise formateur  CNV

 


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